Les prairies du Cameroun
C'est dans prairies du Cameroun, les Grasslands, que l'on trouve la culture tabagique la plus explicite. Dans ce pays, la pipe à tabac était un vecteur de statut pour le fumeur. Toutes les tribus avaient des règles claires pour déterminer qui pouvait utiliser quoi : par exemple, les femmes ne fumaient que dans des pipes à motifs géométriques, tandis que les représentations figuratives étaient réservées aux hommes.
La taille de la pipe soulignait le statut du fumeur. Les plus grandes pipes, la pipe du chef, étaient offertes en cadeau aux anciens de la tribu ou aux princes. Le fourneau à lui seul peut parfois atteindre un demi-mètre de haut, et un tuyau en bois d'un mètre de long complète l'impressionnante pipe. Lors d'occasions officielles, on la portait remplie de tabac.
Traditionnellement, les têtes de pipe étaient fabriquées en terre cuite. Ces dernières sont cuites en noir dans de simples fours de campagne. Paradoxalement, ce sont surtout les femmes qui les fabriquaient, tandis qu'elles n'avaient pas le droit d'utiliser les plus belles pipes à figures. C'est une technique qui existe toujours, l'ancien savoir-faire a changé mais n'a pas diminué. De nouveaux modèles sont même encore créés aujourd'hui.
Outre la poterie, les pipes en laiton étaient également utilisées au Cameroun. Les représentations des soldats allemands qui ont colonisé le Cameroun au début du XXe siècle étaient particulièrement populaires. Un rare exemple de conception traditionnelle est fabriqué en aluminium moderne et date d'environ 1960. La particularité des pipes du Grassland est que la production se poursuit sans relâche et qu'il n'y a guère de discontinuité dans la qualité et l'art.