L'histoire de l'Amsterdam Pipe Museum

Général

Avec la professionnalisation des activités et la croissance de la collection, le désir d'un lieu indépendant est également devenu une étape logique. Il a été trouvé dans la ville de Leiden, plus petite mais plus active sur le plan muséal. Avec la médiation de la municipalité, la guérite de Hof Meermansburg avec sa salle des régents impressionnante pourrait être louée pour le musée de la pipe, un bâtiment avec une façade vraiment monumentale. En 1982, les invités dans la salle des régents a connu l'ouverture du Pijpenkabinet (Cabinet de la Pipe). Situé sur l'un des principaux canaux de la ville, le Pijpenkabinet a acquis en quelques années une position respectée à Leiden Museum City et une renommée parmi les musées aux Pays-Bas.

La base du musée fut alors formée par la pipe de Gouda, intégré dans l'histoire nationale du tabagisme. Georg Brongers, conservateur du Niemeyer Dutch Tabacology Museum à Groningen, a eu l'honneur de faire l'inauguration. Il a remis le premier exemplaire d'une nouvelle publication au maire de Gouda. La publication Marks of Gouda pipe makers 1660-1940 a marqué une étape importante dans la réputation nationale du musée et de ses activités. Pour les collectionneurs et les amateurs, ce livre sera la clé pour identifier leurs tuyaux trouvés pendant de nombreuses décennies à venir.

La période de Leiden se caractérise en tout par une professionnalisation croissante. D'abord parce que Don Duco a terminé ses études à l'Université de Leiden en histoire de l'art avec une spécialisation en arts et métiers. Un deuxième facteur important a été l'entrée de Benedict Goes, qui, en tant que futur historien de l'art, a saisi l'occasion d'acquérir une expérience pratique du musée en matière de publicité et l’accueil du public.

Le nombre d'activités destinées au public était donc énorme, soutenu par des communiqués de presse et des entretiens radiophoniques. Bien que l'ouverture se soit limitée au dimanche après-midi, un chiffre de visites d'environ 2 000 personnes par an a été atteint. En outre, il y avait un programme d'exposition dans d'autres institutions bien au-delà de Leiden. L'exposition permanente au musée s'améliorerait considérablement au cours d'une décennie grâce à une politique d'achat active dans toute l'Europe occidentale.

Exposition à Leiden

La Salle des Régents de Hof Meermansburg, la plus grande des plus de vingt Hofjes (béguinages) de Leiden, avait une salle de réunion spacieuse de huit mètres sur neuf. À près de cinq mètres d’hauteur, un énorme soleil regardait les visiteurs comme un motif central dans le plafond en stuc. Le manteau de cheminée en stuc blanc reposait sur une cheminée en marbre noir. À l'état fermé, la porte d'entrée de cette pièce était complètement intégrée dans les boiseries blanches et les revêtements muraux en velours rouge foncé. Il y avait une douzaine de portraits d'anciens régents et de leurs épouses des XVIIe et XVIIIe siècles. Un ensemble de douze chaises en bois fruitier autour d'une table recouverte de drap de laine de Leyde formait le centre de cette pièce impressionnante.

L'histoire de la pipe en terre hollandaise a été montrée dans une grande vitrine de table dans laquelle la finesse de la pipe de Gouda était clairement visible dans tous les détails à une hauteur de vue agréable: le blanc radieux de la matière, les tiges délicates du XVIIIe siècle, les gravures artistiques de la décorations et la richesse inattendue des marques de talons. Trois vitrines sur pied pleine longueur ont été consacrées à l'histoire de la pipe dans une perspective plus large. La pipe de Gouda de 1850 à 1920 et la pipe figurative française du XIXe siècle étaient les deux thèmes les plus spécialisés. La troisième vitrine présentait un aperçu des pipes d'origine non européenne: de l'Amérique précolombienne à l'Afrique et à l'Asie.

La distribution globale et la variation de forme de la pipe pourraient ainsi être représentées de manière concise. Dans le hall d'entrée, une vitrine contenait les outils de fabrication de pipes qui, avec leurs tons bruns de bois et de laiton, formaient un bel ensemble esthétique. Le long du large escalier en chêne, les plus belles pipes du marié mettent des accents colorés dans leurs armoires d'art populaire. La vitrine à l'entrée montrait des pipes en céramique semblables au pipes en terre, y compris les pipes en porcelaine allemande peints à la main. Au total, près de 1 000 objets représentatifs ont été exposés.

Quelle que soit la modestie de l'exposition permanente, avec une augmentation significative par rapport à la situation d'Amsterdam, le Pijpenkabinet présente la principale collection de pipes de ces années. À Gouda, le Musée des Pipes et de la Poterie De Moriaan existe depuis 1938, avec une exposition d'une centaine de pipes qui n'ont pas changé depuis l'ouverture. Dans le nouveau Musée tabacologique néerlandais de Niemeyer à Groningue, la pipe a été présentée comme un des moyens de consommation du tabac. Environ 300 pipes ont été inclus dans l'exposition.

Collection et recherche à Leiden

À Leiden, une nouvelle phase a commencé dans la formation de la collection du musée. Les découvertes de sol hollandaises ont été systématiquement collectées pour la collection d'étude, mais maintenant uniquement grâce à l'achat de collections entières de creuseurs qui avaient sélectionné les pipes dans leur propre région. Un aperçu représentatif pourrait être ajouté à partir de différentes parties du pays, toujours strictement sélectionné pour les duplications, les variantes et surtout axé sur l'amélioration de la qualité.

Pourtant, l'accent ne se limitait pas à l'archéologie. L'objectif avait été élargi depuis des années pour inclure les pipes de toutes sortes de céramiques, y compris les pipes conservés historiques. Les contacts avec des antiquaires spécialisés à Bruxelles, Paris et Londres ont abouti à des pièces de grande qualité. Des objets spéciaux ont également été trouvés dans le commerce d'antiquités et dans les marchés aux puces de toute l'Europe.

Les sous-collections de pipes françaises et belges, mais aussi les pipes non occidentaux, se sont constituées au cours de cette période. Occasionnellement, des ventes aux enchères pouvaient être visitées où de grandes collections de pipes ou de tabac étaient vendues aux enchères, entraînant des acquisitions exceptionnelles pour le Pijpenkabinet. L'origine connue et parfois même l'âge documenté de l'objet sont une valeur ajoutée pour une collection de musée.

En même temps, un jour par semaine pourrait être utilisé pour la recherche systématique d'archives à Gouda. Les archives de Gouda ont été parcourues bande par bande au cours de la période de 1600 à 1940. Chaque acte concernant un fabricant de pipe a été exploré, qu'il s'agisse de la guilde, d'un protocole de notaire ou de données de baptême et d'enterrement. Tout a été réuni en copie dans le Pijpenkabinet, complètement indexé par son nom et sa période.

La combinaison unique de la construction de collections et de la recherche historique a constitué la base de publications qui sont rapidement devenues l'un des instruments de base de l'archéologue. Le livret pratique sur les marques, le premier et le seul manuel et plusieurs dizaines de sous-études et d'articles dans des revues professionnelles ont vu le jour. La qualité de la recherche est reconnue en 1988 par l'Académie royale des sciences d'Amsterdam par l'attribution du prix Pieter de la Court pour la recherche scientifique. La publication du manuel de Duco en 1987 a été la raison de l'attribution de ce prix en raison de la recherche innovante. La qualité du travail a incité le Ministère de la Culture et des Sciences à désigner la collection en 1989 comme collection nationale de référence de statut A en raison de sa valeur d'étalonnage.

Activités publiques

Dans les années 1980, bien avant l'ère électronique, l'archéologie était encore un loisir populaire pour les jeunes. La découverte d'un fourneau de pipe constituait souvent la première introduction physique à l'histoire pour les jeunes. Les innombrables séances d'identification des objets trouvés dans le musée attiraient des dizaines de familles au Pijpenkabinet. Les journées "Antique Road Show" consacrées aux antiquités des fumeurs étaient également des activités populaires, annoncées à l'échelle nationale par la radio et les journaux. Grâce à l'énorme quantité de moules à pipes de la collection, le Pijpenkabinet était le seul musée des Pays-Bas capable de faire des démonstrations de fabrication de pipes en terre à l'aide d'outils originaux. La réalisation du trou dans le tuyau d'une pipe a toujours suscité la surprise et l'admiration, tant au musée que sur les marchés artisanaux.

Pour les jeunes, plusieurs camps de vacances ont été organisés chaque année en collaboration avec la NJBG (Association des jeunes pour l'histoire), qui proposait une combinaison d'archéologie et d'archivage. Des jeunes âgés de 15 à 21 ans y ont été initiés à la technique des fouilles et à la manière de mener leurs propres recherches dans les archives. Les résultats de ces semaines ont à nouveau stimulé la recherche sur l'industrie de la pipe de Gouda, qui était le fer de lance de ces années-là.

Malgré l'espace d'exposition limité du musée, quelques expositions spécialisées ont été organisées. Sur la pipe française, par exemple : "Koppen met een eigen gezicht" (Pipes avec des portraits remarquables) (1988). L'exposition "Pijpen uit den Vreemde" (Pipes d'autres continents) (1985) a été réalisée grâce à des prêts du Musée ethnographique national de Leyde, et la double exposition "Outils de pipier" avec Gouda a été organisée à l'occasion d'un achat important. Des présentations plus importantes du Pijpenkabinet ont eu lieu dans d'autres musées. Tout d'abord, dans la salle de la chapelle Gasthuis du Stedelijke Musea Gouda. L'exposition d'été de 1983 fut la première et dernière fois que la ville de la pipe de Gouda consacra exclusivement une exposition à la pipe en terre.

D'autres expositions ont suivi, par exemple au Tabaksmuseum Niemeyer de Groningue et au Tabaksmuseum Wervik en Belgique. Le projet le plus important a été l'exposition itinérante sur les pipes d'Orange (pipes commémoratives pour la Maison d'Orange) qui a débuté au Rijksmuseum Paleis Het Loo. Cette exposition a ensuite fait le tour de Hoorn, Breda, Groningen, Rotterdam et enfin Dillenburg en Allemagne. De nombreuses expositions plus modestes dans des musées régionaux, des centres culturels et des bibliothèques ont attiré l'attention sur la pipe et le Pijpenkabinet. À l'occasion du déménagement de notre musée à Amsterdam, nos chefs-d'œuvre ont fait un voyage. Une rétrospective impressionnante, accompagnée d'un magnifique catalogue, au Musée autrichien du tabac à Vienne, a été l'exposition la plus prestigieuse jamais organisée pour le Pijpenkabinet.

Les contacts avec les amateurs et les collectionneurs ont été maintenus grâce au "Vlugschrift", un magazine discret qui paraissait irrégulièrement et qui suivait les Pijpelijntjes. Outre les nouvelles et la description des acquisitions, ce magazine informel donnait un aperçu des activités du musée de Leyde.

Coorpération

Travaillant depuis Leyde, le Pijpenkabinet a investi beaucoup de temps et d'énergie dans la collaboration avec des groupes cibles et d'autres musées. C'est avec le musée de la pipe et de la poterie De Moriaan, à Gouda, que la relation est la plus longue. Depuis les années 70, le Pijpenkabinet répond aux questions de fond posées à Gouda. Ce service a débouché sur un ordre d'enregistrement de l'ensemble de la collection de pipes de Gouda. Douze cents fiches d'inventaire ont été dactylographiées et accompagnées de descriptions et de déterminations professionnelles par Duco et Goes.

Jusqu'en 1992, le Pijpenkabinet a accordé des prêts à long terme au Musée De Moriaan pour compléter l'exposition permanente de pipes de Gouda. Le Rijksmuseum van Oudheden (Musée national des antiquités) a également reçu des pipes en terre en prêt pour l'aperçu historique. Le musée de Leyde a parfois prêté des pipes à d'autres musées, par exemple des pièces archéologiques uniques pour l'exposition rétrospective Nederland Ondersteboven. D'autres expositions ont été organisées : 1492 Colomb navigue outre-mer à Rotterdam, Turquie au Princessehof de Leeuwarden et une contribution majeure à la grande exposition 500 ans de tabac au Tropenmuseum d'Amsterdam en 1992.

La Society for Clay Pipe Research, un nouveau groupe de recherche composé d'archéologues amateurs britanniques, s'est inspirée à ses débuts des Pays-Bas, qui étaient en avance dans le domaine de la recherche historique et archéologique, avec le Pijpenkabinet comme point d'ancrage. Quelques années plus tard, une initiative similaire a vu le jour en Allemagne, où des archéologues professionnels et amateurs se rencontraient lors d'une réunion annuelle, qui donnait lieu à la publication du magazine Knasterkopf. Cette initiative est le fruit d'une exposition itinérante de pipes, co-organisée par le Pijpenkabinet, qui s'est rendue à Soltau, Uslar (1988), Hambourg et Uelzen (1989). Là aussi, le personnel du Pijpenkabinet a été invité en raison de l'apport de connaissances et d'expériences. Ces échanges ont d'ailleurs été également éducatifs et instructifs pour le musée.

Le regroupement des collections de pipes et de tabacs aux Pays-Bas n'a pas été réalisé. Une proposition de collaboration entre les collections de Leyde et de Gouda a été annulée par le directeur du musée de Gouda. Quelques années plus tard, la fusion de Niemeyer avec les deux collections de pipes a également été bloquée par Gouda. Les musées ont donc continué à fonctionner indépendamment les uns des autres et ne se sont pas encouragés mutuellement. C'est la raison pour laquelle le Pijpenkabinet a décidé, au milieu des années 1990, de poursuivre l'opération après un nouveau départ.